Convaincus que le stage est le seul moyen pour accéder à un emploi, nombreux jeunes diplômés tentent le tout pour obtenir une convention de stage. En effet, faute d’expérience professionnelle, il est difficile pour ces jeunes de décrocher un travail. Il est pourtant à savoir que pour obtenir ce fameux document, il faut être étudiant. Et quand ce n’est plus le cas, nombreux ont recours à des solutions à risque.
Des jeunes prêts à payer pour une convention
Alors qu’il est dur pour un jeune diplômé de trouver un emploi en CDD ou en CDI, les offres de stages sont abondantes. C’est une situation qui pousse les jeunes diplômés à se ruer vers cette solution en cherchant désespérément le moyen de se procurer une convention. Face à certains organismes privés proposant des conventions de stage aux étudiants inscrits à leurs formations, les jeunes diplômés n’hésitent pas à payer les frais d’inscription sans pour autant assister aux cours. Bien que cela soit illégal, étant donné la saturation du marché de l’emploi, ces jeunes ne semblent pas inquiets et sont persuadés que les stages les permettront de trouver un emploi stable et viendront enrichir leurs CV.
Des jeunes préférant être stagiaires plutôt que d’être chômeurs
Bien que psychologiquement, il ne soit pas facile pour un jeune diplômé de reprendre un statut d’étudiant pour pouvoir accéder à un stage, la faim justifie les moyens. Certains sont même amenés à effectuer des stages ne correspondant pas à leurs niveaux d’études et qui sont mal payés. Pour ces jeunes diplômés, il n’est pas question d’être au chômage. Les employeurs préférant le stage à un blanc sur le CV semblent encourager les jeunes à poursuivre dans cette voie.
Une solution aux effets secondaires non négligeables
Les stages n’ont pas que des avantages à fournir aux jeunes diplômés. Considérés par les jeunes comme un moyen de reculer pour mieux sauter, des stages prolongés et renouvelés risquent de retarder leur accès au vrai monde professionnel. En effet, actuellement, la moyenne d’âge pour trouver un emploi fixe est de 30 ans. Il est alors plus judicieux pour les jeunes diplômés d’accepter un emploi moins qualifié et évoluer dans le temps au lieu d’effectuer des stages pendant des années pour ensuite repartir à zéro une fois les stages terminés. Par ailleurs, il faut avoir les moyens pour se permettre d’effectuer des stages. Sachez que la rémunération des stages ne peut pas subvenir à tous les besoins d’un jeune diplômé à moins que celui-ci ne soit encore sous la responsabilité de ses parents. Ce qui est encore plus inquiétant est le fait qu’en raison du recrutement abusif des stagiaires, les entreprises sont menées à ne plus proposer des emplois aux juniors. En outre, les stages des jeunes diplômés représentent un réel danger pour l’emploi des jeunes.
Conventions de stage payantes : un phénomène qui perdure
Bien que le ministère de l'Éducation nationale ait mainte fois rappelé à l'ordre certains sites vendant des conventions de stage, ces mises en garde n’ont pas réussi à éradiquer les pratiques. Sur le web les annonces affluent. Il est fréquent de tomber sur une proposition de convention de stage en 24 heures ou une convention de stage en effectuant une formation à distance. Les tarifs varient de 400 euros à 2500 euros pour une inscription dans un établissement étranger ou pour des cours fournis exclusivement en ligne. Dès lors que le statut étudiant est obtenu, la convention de stage peut être délivrée. Ces sites se vantent de fournir à quiconque souhaitant une convention dans de brefs délais. Nombreux sont les jeunes qui se laissent tenter par ces propositions alléchantes en raison de la difficulté d’accéder dans le monde professionnel. Cependant, il est à rappeler que ces pratiques restent illégales.
La loi est stricte sur ces pratiques illégales
Le ministère de l'Éducation nationale est ferme en rappelant que seuls les étudiants peuvent bénéficier d’une convention de stage, et ce en suivant un cursus de formation requérant la présence des étudiants dans les cours pour une durée minimum de 200 heures par année scolaire. En d’autres termes, les cours en ligne ne doivent pas permettre de se procurer une convention de stage. Le ministère de l’Éducation nationale a pris des mesures notamment en mobilisant la direction générale de la concurrence de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et de l’autorité de la concurrence pour voir de près ces pratiques. L’objectif est de pouvoir mettre la pression sur le gouvernement pour que ce dernier prenne l’initiative de fermer ces sites considérés comme une arnaque à la convention de stage.
Des menaces pas prises au sérieux par les sites
Malgré les rappels à l’ordre, les sites continuent illégalement à proposer des conventions de stage, à savoir, BeStudentAgain, CBLE, Fac For Pro. En janvier dernier, le site américain BeStudentAgain proposait encore une convention de stage à 440 euros. Il suffirait que l’étudiant s’inscrive dans une université internationale pour six mois afin de recevoir sa convention de stage en 24 heures. Certains sites suivis de près comme CBLE qui est basé à Paris affichent que la délivrance de convention de stage est interrompue. Cependant, les publicités mentionnant le coût et la délivrance de la convention sous 48 heures n’ont pas été supprimées.
Convention de stage bidon : les étudiants risquent d’en payer le prix
Bien que la convention de stage puisse être indispensable, il est important de bien se renseigner avant toute signature de contrat. Les enjeux s’avèrent énormes en traitant avec des organismes peu scrupuleux, notamment sur le plan financier, le plan académique et sur le plan professionnel. Voyons ces points un à un.
· Sur le plan économique
Sachant qu’une convention de stage peut coûter entre 400 euros et 1500 euros, il est important de se demander si le stage auquel l’étudiant aspire en vaut réellement la peine. Il est à savoir que les indemnités de stage sont d’environ 540 euros par mois, une somme qui ne pourra pas subvenir aux besoins de l’étudiant sauf, bien sûr, si celui-ci vit encore chez ses parents.
· Sur le plan académique
Une formation à distance ne peut faire l’objet d’aucune convention de stage. Par ailleurs, les étudiants fantômes c’est-à-dire les étudiants inscrits dans un établissement sans assister à aucun cours sont également passibles de pénalité.
· Sur le plan professionnel
Les entreprises sont méfiantes en ce qui concerne les conventions de stage bidon. En effet, elles risquent d’être sanctionnées par l’inspection s’il s’avère que le stagiaire n’est pas réellement issu d’un établissement. Cela sera interprété comme une activité dissimulée.
Existe-t-il encore des « étudiants fantômes » au sein des facs ?
Jusqu’en 2010, il était encore possible de s’inscrire dans une université dans l’unique but d’obtenir une convention de stage. Désormais, un décret a été mis en place pour interdire tous les stages hors cursus. Actuellement, bien que le nombre des « étudiants fantômes » soit en baisse, ils n’ont pas pour autant disparu malgré le décret.
Des idées controversées
D’après le porte-parole du collectif Génération précaire, le décret n’a pas pu dissuader la présence des étudiants fantômes au sein des universités. Elle a appuyé d’ailleurs ses dires par des exemples démontrant que ces étudiants fantômes sont surtout présents dans les facs de lettres ou de langues où il y a peu d’étudiants. Elle a affirmé qu’en 2011, c’est-à-dire un an après le décret, un étudiant titulaire d’un bac+5 a pu s’inscrire en licence LEA au sein d’une université sur Paris. Ainsi, l’étudiant a pu facilement se procurer la fameuse convention de stage. Ces affirmations ont cependant été démenties par l’établissement qui est convaincu de l’inexistence des étudiants fantômes. Les conventions en libre distribution seraient une légende. Certes, les étudiants peuvent faire une demande de convention, cependant, l’accord d’un enseignant qui sera le futur tuteur pédagogique est indispensable. Le responsable de l’établissement poursuit en assurant que l’université reste très attentive en procuration de conventions notamment en début de cycle licence.
Fermeture des bureaux des stages avant les examens : une éventuelle solution
Pendant que certains établissements continuent à nier l’existence des étudiants fantômes, d’autres reconnaissent ne pas être en pouvoir de tout contrôler. En effet, la tâche semble être difficile étant donné que contrairement aux nouveaux bacheliers, les étudiants ayant déjà un diplôme en poche ne sont pas inscrits sur Admission-Postbac. Bien que les dossiers doivent passer par des commissions pédagogiques, le contrôle présente des failles. Différencier les inscriptions fictives de celles qui ne le sont pas peut s’avérer difficile dans la mesure où l’étudiant s’inscrit dans une formation ayant un lien avec un diplôme déjà acquis. Il n’est pas par exemple évident de refuser un étudiant diplômé en communication de suivre une formation en langues étant donné que cela peut compléter son cursus pédagogique. Par ailleurs, un laisser-aller est remarqué chez certains enseignants envers les jeunes diplômés en difficulté pour trouver un emploi après l’obtention de leurs. Selon Génération précaire, la fermeture des bureaux des stages d’octobre à janvier serait une solution pour limiter la présence des étudiants fantômes au sein des universités. Cette initiative a d’ailleurs déjà été mise en place à l’Inalco et a déjà fait ses preuves.